RAYMOND (A. G.)

RAYMOND (A. G.)
RAYMOND (A. G.)

RAYMOND ALEXANDER GILLESPIE (1909-1956)

Né à New Rochelle, dans l’État de New York, Alexander Gillespie Raymond entre comme employé de bureau dans une agence de Wall Street spécialisée dans les tractations boursières, alors qu’il a des dons exceptionnels pour le dessin. Parallèlement à cette activité, il suit des cours à la Grand Central School of Arts. Il opte finalement pour le dessin en 1930. Il entre à la King Features Syndicate où il devient l’assistant de Chic Young, l’auteur de Blondie , et du frère de ce dernier, Lyman Young, qui menait alors deux récits de front: Tim Tyler’s Luck (connu en France sous le titre de Raoul et Gaston ) et Richard le Téméraire .

En 1934, Alex Raymond lance simultanément trois histoires: Flash Gordon , Jungle Jim et Agent X-9 sur un scénario de Dashiell Hammett. Dans l’esprit de l’agence qui l’emploie, la première bande devait concurrencer Buck Rodgers de Murphy Anderson dans le domaine de la science-fiction, alors que Agent X-9 devait se mesurer au Dick Tracy de Chester Gould. Surchargé de travail, Alex Raymond renoncera très rapidement à la bande policière Agent X-9 pour se consacrer aux deux autres.

Le sujet très irréel de Flash Gordon permet au graphisme de Raymond de s’épanouir. Le comportement des personnages est très étroitement lié à un espace fictif. Le scénario n’est guère original: sous couvert de science-fiction, l’auteur s’inspire de toute évidence des aventures des chevaliers de la Table ronde. À côté de véhicules ou d’armes d’une esthétique moderne si fascinante qu’elle fait douter de leur efficacité technologique, les personnages portent des vêtements empruntés à l’époque médiévale. Le «déplacement» de ces fictions d’un temps passé vers l’espace d’un présent fictif donne à Alex Raymond l’occasion de se détacher du réel et d’affranchir ainsi son dessin des contraintes de l’imitation. Flash Gordon est avant tout un redresseur de torts, à la manière de Robin des Bois.

La plupart des personnages féminins règnent sur des territoires d’une rigueur extrême: Ondine est la reine du royaume des mers (dans Le Peuple de la mer ), Fria commande le royaume de Frigie (dans Le Royaume de glace ), Azura est la souveraine des hommes magiciens (dans La Flamme de la mort )... L’attrait érotique de ces femmes habilement dénudées ou moulées dans des robes étroites constitue une épreuve qui s’ajoute au péril des combats proprement dits, d’autant plus que Flash Gordon est toujours accompagné de sa fiancée Dale qui censure ses pulsions. À ces «dangers» s’ajoute la présence de monstres que le héros est seul à pouvoir vaincre. Ces confrontations et ces affrontements sont, pour le dessinateur qui en est également le scénariste, le prétexte à une débauche de courbes et de volutes. Ces explosions graphiques s’appuient sur le récit pour prendre leur envol et constituer des compositions autonomes où règne un pur plaisir esthétique. Le récit n’en est pas pour autant rompu, mais certains de ses instants sont comme dilatés, magnifiés. Alex Raymond crée une esthétique du conflit qui s’exacerbera au point de devenir un produit essentiellement baroque.

Jungle Jim est une suite d’aventures qui n’est pas sans rappeler Lyman Young dont Alex Raymond fut l’assistant. Mais les images de ce récit, au graphisme d’une rare élégance, sont l’occasion pour leur auteur d’une recherche d’équilibre qui contraste singulièrement avec les envolées lyriques de Flash Gordon .

En 1944, Alex Raymond est appelé à servir dans le Pacifique. Il cesse alors de dessiner pour la presse. Lorsqu’il revient à la vie civile, en 1946, il reprend son travail de cartooniste avec les aventures du policier Rip Kirby. Sans doute voulut-il renouer, seul cette fois, avec le genre d’aventure qu’il avait dû abandonner à ses débuts, faute de temps. Il passe alors de l’inspiration épique à un type de récit beaucoup plus linéaire. Les images n’ont plus aucune autonomie et constituent, comme dans un roman, des éléments qualitativement égaux soumis aux exigences de la narration.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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